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HISTOIRE DE MES BÊTES.

allons essayer une chose. D’après le rayon visuel de Pritchard, il me paraît arrêter à dix pas à peu près devant lui. Eh bien, je vais reculer de quinze pas ; j’enverrai mon coup de fusil où il regarde, probablement au milieu d’une bande de perdrix ; si je n’en tue pas, et que les perdrix restent, Pritchard ne bougera pas ; si j’en tue une ou deux, et que les autres ne s’envolent pas. Pritchard ne bougera pas davantage ; si toute la bande s’envole, et que, parmi la bande, il y en ait une blessée, Pritchard la suivra jusqu’à ce qu’elle tombe.

Le garde fit un signe des épaules et de la tête, qui signifiait : « Dame, s’il fait cela, je n’ai rien à dire. »

Je reculai de quinze pas, je m’agenouillai, et, dans la direction du nez de Pritchard, je lâchai mon coup de fusil.

Deux perdrix firent la culbute, montrant leur ventre blanc et se débattant, tandis qu’à quatre pas d’elles, un lièvre partait, détalant comme si le coup de fusil avait été tiré sur lui.

Pritchard ne bougea pas.

— Eh bien ? dis-je au garde.

— Ah ! fit- il, allons jusqu’au bout, monsieur ; c’est trop curieux.

Je rechargeai mon fusil et rejoignis Pritchard.

Pritchard me regarda comme pour me demander si j’étais prêt, et, sur ma permission, força l’arrêt.

Une bande de quinze ou seize perdrix partit.

J’en tuai une du premier coup ; du second, j’en blessai une dans les reins, et, selon l’habitude des perdrix blessées à cet endroit, elle s’éleva d’un vol presque vertical.

Ce que j’avais prédit arriva : Pritchard ne s’occupa que