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HISTOIRE DE MES BÊTES.

lement, si vous avez quelque chose à faire, votre pipe à allumer, par exemple, allumez-la.

— Merci, je viens de la remettre dans ma poche.

— Eh bien, alors, dis-je en tirant une gourde de ma poche, buvez une goutte de cette eau-de-vie ; c’est d’excellente fine Champagne.

— Ah ! une goutte d’eau-de-vie, monsieur, ça ne se refuse pas, dit le garde. Mais votre chien ?…

— Oh ! mon chien, je vous ai dit que nous avions le temps, prenons-le.

— Savez-vous qu’il y a déjà cinq minutes qu’il est en arrêt ?

— Combien nous faut-il pour le rejoindre ?

— Cinq autres minutes, à peu près.

— Et cinq minutes pour nous reposer. Quand nous l’aurons rejoint, ça nous fera un quart d’heure.

— Voilà un crâne chien, tout de même ! dit le garde. C’est malheureux qu’il lui manque un œil et une patte.

— Regardez-le bien quand nous l’aurons rejoint, dis-je en riant, et vous verrez qu’il lui manque encore autre chose.

Nous rejoignîmes Pritchatd au bout de cinq minutes.

— Dans cinq minutes, dis-je au garde, nous allons essayer de lui tuer deux perdrix devant le nez, et, si nous réussissons, vous verrez qu’il ne bougera pas de son arrêt, que je n’aie eu le temps de recharger mon fusil.

— S’il le fait comme vous le dites, répliqua le garde, c’est un chien qui vaut cinq cents francs comme un liard.

— Oui, répondis-je, pendant les huit premiers jours, c’est-à-dire tant que le gibier tient. Maintenant, ajoutai-je, nous