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HISTOIRE DE MES BÊTES.

trois ou quatre cents lièvres ; si vous ne retenez pas votre chien, il va attaquer la meilleure de nos pièces, et en faire partir cinq ou six lièvres et deux ou trois compagnies de perdreaux avant que nous l’ayons atteinte.

— Ne vous inquiétez pas de Pritchard, lui dis-je. Il a sa manière de chasser à lui, manière à laquelle je suis accoutumé. Laissons-le dans sa pièce de betteraves, et voyons ce qu’il y a dans ce champ labouré qui nous sépare d’elle.

— Il doit y avoir deux ou trois lièvres, monsieur. Eh ! tenez, tenez !… en voilà un qui part devant vous.

Avant que le garde eût achevé, le lièvre était mort.

Pritchard ne s’inquiéta pas du coup de fusil, et fit le tour de la pièce pour prendre le vent.

Pendant ce temps, un second lièvre me partait ; je lui envoyai un second coup de fusil.

Il était si grièvement blessé, qu’au bout de cent pas, il fut obligé de s’arrêter, puis s’étendit ; il était mort comme le premier.

Pritchard, qui était tombé en arrêt, ne s’inquiéta ni du coup de fusil, ni du lièvre, qui était allé mourir à vingt pas de lui.

Le garde se chargea des deux lièvres, en me faisant observer que le billet de M. Bertram m’autorisait bien à tirer quelques coups de fusil, mais que lui croyait devoir me prier de ne plus tirer sur les lièvres, de chasser les perdrix seulement.

— En ce cas, lui dis-je, faisons un détour, et prenons le vent comme a fait Pritchard.

— Ah ! monsieur, me dit le garde, votre chien ne vous attendra pas ?

— Soyez tranquille, lui dis-je. Vous allez le voir travailler. Seu-