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HISTOIRE DE MES BÊTES.

le théâtre l’aura abandonnée, moi, je vous donnerai mille francs de votre sujet.

Lefebvre entrevoyait un moyen de tirer plus d’argent de sa pièce morte qu’il n’en espérait de sa pièce vivante ; aussi me fit-il répéter, ne comprenant rien à ma proposition.

Je la lui répétai ; il la comprit, et l’accepta.

Six mois après, la pièce était jouée, elle était tombée, morte de la chute, et son auteur m’apportait le cadavre.

La pièce n’avait pas même été imprimée.

Comme toujours, je laissai reposer le sujet, jusqu’à ce que le désir m’en prit. Un beau matin, le Comte Hermann se trouva fait dans ma tête ; huit jours après, il était couché sur le papier. Un mois après, il se levait sur les planches du Théâtre-Historique, sous les traits de Mélingue, appuyé au bras de madame Person et de Laferrière.

C’était un de mes meilleurs drames, ce fut un de mes plus beaux succès.

En somme, grâce à ce succès, je me trouvai, comme je l’ai dit, vers le 25 août, possesseur d’une somme de trois cents francs.

J’entendis parler alors d’un certain M. Bertram ayant une chasse à louer aux environs de Melun. Je courus chez lui : il demeurait rue des Marais-Saint-Germain, à un quatrième étage.

La chasse n’était point à lui ; elle appartenait à M. de Montesquieu.

Son prix était de huit cents francs.

Nous débattîmes un instant la somme, et il me laissa le loyer de la chasse pour six cents francs, sauf une condition.