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HISTOIRE DE MES BÊTES.

La situation dura un an.

Je parle de ma situation, et non de celle de la France.

Pendant cette année, je vis s’accomplir le quinzième changement de gouvernement auquel j’aie assisté depuis le jour de ma naissance.

Vers le 25 août 1849, je me trouvais avoir devant moi une somme de trois cents francs.

Comme la chose peut paraître extraordinaire en ces jours de disette, hâtons-nous de dire que je ne l’avais ni empruntée ni volée.

Non. Mais j’avais fait un drame intitulé le Comte Hermann.

Il pousse autour de chacun de mes drames qui vient au monde tant d’histoires incroyables que chacun fait semblant de croire que je ne suis pas fâché de raconter un peu en détail la naissance de celui ci.

Un jour, un de mes confrères, nommé Lefebvre, vient m’apporter une comédie reçue au Vaudeville et ayant pour titre : une Vieille Jeunesse.

Malgré mes instances pour ne pas l’entendre, il me la lut en me priant de refaire la pièce, et de devenir son collaborateur.

J’ai toujours eu la terreur de la collaboration, et par facilité de caractère, je m’y suis cependant toujours laissé entraîner.

Cette fois, je résistai, et, quoique j’entrevisse à travers un brouillard les cinq actes d’un grand et beau drame qui n’aurait aucun rapport avec la petite comédie en trois actes que me lisait Lefebvre, je lui répondis :

— Je ne veux pas travailler à votre pièce. Faites-la jouer, puisqu’elle est reçue ; tirez-en le plus d’argent possible, et, quand