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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Mais, qu’il arrive un malheur, un accident, une catastrophe à un geai, tous les oiseaux de la contrée sont en jubilation.

Or, c’est un malheur, un accident, une catastrophe terrible pour un geai, que de tomber entre les mains d’un pipeur, en même temps que c’est une véritable chance au pipeur que d’attraper un geai ; car, lorsque le pipeur a préparé son arbre, c’est-à-dire qu’il l’a effeuillé, qu’il a pratiqué des entailles aux branches, et que, dans ces entailles, il a planté des gluaux ; quand, sous cet arbre, il a bâti sa hutte, recouverte de genêts et de fougère ; quand, seul ou avec sa société, il est entré dans cette hutte, au lieu d’être obligé d’imiter, avec une feuille de chiendent ou un morceau de soie, le chant ou plutôt le cri des différents oiseaux, il n’a, s’il possède un geai, qu’à tirer le geai de sa poche et à lui arracher une plume de l’aile.

Le geai pousse un cri, coing !

Ce cri retentit par la forêt.

A l’instant même, tout ce qu’il y a de mésanges, de pinsons, de tarins, de bouvreuils, de fauvettes, de rouges-gorges, de rossignols, de chardonnerets, de linots rouges ou gris, tressaille et prête l’oreille.

Le pipeur arrache une seconde plume de l’aile du geai.

Le geai pousse un second coing !

Alors, c’est fête parmi toute la gent volatile : il est évident qu’il est arrivé quelque malheur à l’ennemi commun.

Que peut-il lui être arrivé ?

Il faut voir cela ! Où est-il ? de quel côté ? C’est par ici, c’est par là.

Le pipeur arrache une troisième plume de l’aile du geai.