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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Étrange destinée du Chevalier de Maison-Rouge, qui, donné à un journal républicain, devait si fort contribuer à la République, que, sous la République, le directeur des beaux-arts le défendait, de peur qu’après avoir contribué à la faire, il ne contribuât à la maintenir.

Donc, pour en venir à la colère de messieurs de la Chambre, elle éclata un matin ; la foudre tomba, non pas sur un paratonnerre, non pas sur un chêne, mais sur moi, faible roseau.

Un beau jour, on chercha chicane à M. de Salvandy pour les dix mille francs qu’il avait ajoutés à mes quarante mille, au roi pour les douze mille francs de charbon qu’il avait brûlé pour moi, et on l’accusa de partialité pour les hommes de lettres.

Pauvre Louis-Philippe ! il avait été accusé bien souvent, et bien injustement, mais jamais plus injustement que cette fois-là.

Nous ne sommes pas au bout. Un député très-sérieux, si sérieux qu’il pouvait se regarder sans rire, déclara que le pavillon français s’était abaissé en nous protégeant de son ombre.

Deux autres députés firent chorus ; toute l’opposition battit des mains.

Le soir même, les trois orateurs reçurent chacun une carte :

M*, une lettre signée de moi ;

M**, une lettre signée de Maquet ;

M***, une lettre signée de Desbarrolles.

Puis, comme nous ne nous en rapportions pas à la fidélité de la poste, et que nous tenions essentiellement à ce que ces lettres fussent remises, nous envoyâmes chacune d’elles par deux amis, chargés de remettre chacune d’elles à chacun de ces messieurs.