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HISTOIRE DE MES BÊTES.

De sorte que certains journaux rageaient encore plus que certains députés.

Voilà pourquoi, quand je donnais un drame bu une comédie, j’étais encore plus abîmé — style de théâtre — dans les journaux auxquels je donnais des feuilletons, que dans ceux auxquels je n’en donnais pas.

Je citerai le Siècle, auquel j’ai donné successivement : le Corricolo, — le Chevalier d’Harmental, — les Trois Mousquetaires, — Vingt ans après, — et le Vicomte de Bragelonne.

Et cependant, le Siècle avait trouvé, à l’insertion des livres que je viens de citer, une belle compensation à l’impôt du feuilleton ; le Siècle, pendant les deux ou trois ans qu’avaient duré mes publications, avait pu conserver le petit format.

J’en obtins une bien douce récompense, après Bragelonne. Le directeur du Siècle porta à mon confrère Scribe un traité en blanc. On pensait qu’on en avait fini avec moi, que je ne pouvais plus rien faire de bien, et l’on s’adressait à un autre.

J’avais ambitieusement demandé pour mes feuilletons, et pour la propriété de cinq ans qui en était la suite, cinq mille francs par volume, et l’on avait trouvé que c’était beaucoup.

Mon confrère Scribe demanda modestement sept mille francs, et l’on trouva que ce n’était point assez ; car on lui fit cadeau, à titre de prime, d’un encrier en vermeil et d’une plume d’or.

De cette plume d’or et de cet encrier en vermeil sortit Piquillo Alliaga.

Je me consolai en allant faire la Reine Margot à la Presse, la Dame de Monsoreau au Constitutionnel, et le Chevalier de Maison-Rouge à la Démocratie pacifique.