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HISTOIRE DE MES BÊTES.

voyez les articles du Code : il y est dit que les receleurs sont assimilés aux voleurs et doivent être punis des mêmes peines.

— Michel, vous m’ouvrez tout un horizon de terreurs ; mais nous allons tâcher de le guérir de courir ; quand il sera guéri de courir, il sera guéri de voler.

— Jamais, Monsieur, jamais vous ne guérirez ce guerdin-là de ses vices.

— Mais, alors, Michel, il faut donc le tuer ?

— Je ne dis pas cela, Monsieur, parce qu’au fond je l’aime, la canaille ! mais il faudrait demander à M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, qui vit dans la société des animaux les plus nuisibles, s’il ne connaîtrait pas quelque recette.

— Tenez, Michel, je crois qu’en voici une.

En effet, je venais de passer à Pritchard la patte droite de devant dans son collier ; de cette manière, la patte droite de devant adhérant au cou, et la patte gauche de derrière étant coupée à l’articulation, Pritchard n’avait plus que deux pattes : la patte gauche de devant et la patte droite de derrière.

— En effet, dit Michel, s’il s’emporte maintenant, il faudra qu’il ait le diable au corps.

— Lâchez-le, Michel.

Michel lâcha Pritchard, qui demeura un instant étonné et comme s’il cherchait son équilibre.

L’équilibre trouvé, il se mit à marcher, puis à trotter ; puis, s’équilibrant de plus en plus, il partit au galop, courant plus vite certainement, sur ses deux pattes, qu’un autre n’eût fait sur ses quatre.

— Eh bien y êtes-vous, Monsieur ? demanda Michel.