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HISTOIRE DE MES BÊTES.

mes encore qu’à un kilomètre de la maison, il me permettrait de reconduire Pritchard ; j’ai idée qu’il nous fera quelque malheur avec les vignes.

— Soyez tranquille, Michel, j’ai trouvé un moyen.

Michel m’ôta son chapeau de paille.

— Je savais monsieur fort, très-fort ! mais je ne le savais pas de cette force-là, dit-il.

— Vous verrez.

— En ce cas-là, dit Michel, il faut que monsieur se presse, car voilà déjà Pritchard en faute.

En effet, Pritchard venait d’entrer dans une vigne ; un instant après, il s’en éleva un vol de perdreaux.

— Retenez votre chien ! me cria Gaignez.

— Oui, monsieur le maire, répondis-je.

Et, en effet, j’appelai Pritchard.

Mais Pritchard savait ce qui lui revenait quand il avait fait un coup dans le genre de celui qu’il venait de faire.

Pritchard fit la sourde oreille.

— Attrapez-le, dis-je à Michel.

Michel se mit à la poursuite de Pritchard.

Dix minutes après, il revenait tenant Pritchard en laisse.

Pendant ce temps, j’avais pris un échalas qui dépassait autant les autres échalas que le neuf d’un jeu de quilles dépasse les autres quilles. Il pouvait avoir cinq pieds de long ; ce qui est une petite taille pour un homme, mais une grande taille pour un échalas.

Je le lui pendis au cou en travers, et le lâchai avec cet ornement.