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HISTOIRE DE MES BÊTES.

rassait pas Pritchard ; du temps où il avait ses quatre pattes, il ne l’eût pas embarrassé de bas eu haut.

Une fois dans la basse-cour, il se coucha à plat ventre, les pattes écartées, le nez du côté du poulailler, et fit entendre un petit cri tout amical.

À cet appel une poule montra sa tête, et, au lieu de paraître effrayée de la présence de Pritchard, elle courut vivement à lui.

Là, une chose se passa à mon grand étonnement.

Je savais bien, quoique moins fort que Michel en histoire naturelle, de quelle façon les chiens qui se rencontrent se disent bonjour.

Mais je n’avais jamais vu un chien présenter de la même façon ses compliments à une poule.

Ce que je n’avais jamais vu arriva.

La poule, avec une complaisance incroyable, et qui prouvait qu’elle n’était pas exempte d’une certaine sensualité, se prêta aux caresses de Pritchard, s’accouvetant — pardon du mot que je viens de forger pour les besoins de la cause — s’accouvetant entre ses deux pattes, tandis que, comme le crapaud accoucheur, Pritchard facilitait, autant qu’il était en lui, la parturition.

Pendant ce temps, comme Jeanne d’Albret en douleurs de Henri IV, la poule chantait.

Au bout de quelques secondes, l’œuf fut pondu.

Mais nous n’eûmes pas le temps de voir l’œuf, il fut avalé avant d’avoir touché la terre.

La poule, délivrée, se remit sur ses pattes, secoua sa huppe et gratta gaillardement son fumier, cédant sa place à une autre, qui ne tarda point à la venir prendre.