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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Michel, pour voir ce que je n’ai jamais vu, moi qui ai vu tant de choses, et, entre autres, seize changements de gouvernement, non-seulement je me lèverai à l’heure que vous voudrez, mais encore je passerai la nuit.

— Il n’y a pas besoin de passer la nuit ; si monsieur veut, je le réveillerai.

— Réveillez-moi, Michel, d’autant plus que nous partons pour la chasse à six heures du matin, et que, par conséquent, vous ne me ferez pas grand tort.

— Est-ce convenu ?

— C’est convenu, Michel ; mais, tous les soirs, insistai-je, honteux de me rendre si facilement à une chose que je croyais une hallucination de Michel, tous les soirs, on ferme la porte en treillage qui sépare la petite cour de la grande ; comment Pritchard fait-il pour entrer ? Il saute donc par-dessus le treillage ?

— Monsieur verra, monsieur verra.

— Que verrai-je ?

— La vérité du proverbe : « Dis-moi qui tu entres, je te dirai qui tu es. »

Michel, on se le rappelle, avait introduit certaines variations dans l’orthographe des mots et dans la construction des proverbes. Il venait de me donner une nouvelle preuve de son imagination.

Le lendemain, au petit jour, Michel m’éveillait.

— Si monsieur veut se mettre à son observatoire, dit-il, je crois qu’il est temps.

— Me voilà, Michel ! me voilà ! dis-je en sautant à bas du lit.

— Attendez, attendez !… laissez-moi ouvrir la fenêtre douce-