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HISTOIRE DE MES BÊTES.

crois que c’est un accident, je vais chercher un autre œuf ; à peine a-t-il fait trois pas avec l’œuf dans sa gueule, que le même tic lui reprend. Crac ! Voilà le second œuf gobé. Je commence à me douter de quelque chose ! j’en vais chercher un troisième… si je ne m’étais pas arrêté, Monsieur, tout le quarteron y passait ! Si bien que M. Alexandre, qui n’est pas mal gouailleur, m’a dit : « Michel, il est possible que vous fassiez de Pritchard un bon musicien ou un bon astronome, mais vous n’en ferez jamais qu’une mauvaise couveuse ! »

— D’où vient que vous ne m’ayez jamais parlé de cela, Michel ?

— Parce que j’étais humilié, Monsieur.

— Oh ! Michel, il ne faut pas vous identifier à ce point-là avec Pritchard !

— Mais c’est que ce n’était pas tout !

— Comment, ce n’était pas tout ?

— Ce guerdin-là est devenu fanatique des œufs.

— Bah !

— Il allait manger tous les œufs de M. Acoyer ! M. Acoyer est venu m’en prévenir. Où croyez-vous qu’il a eu la patte coupée ?

— Vous me l’avez dit vous-même, dans quelque parc, dont il aura oublié de lire l’inscription.

— Que monsieur ne plaisante pas : je crois que le guerdin sait lire.

— Oh ! Michel… Pritchard est accusé d’assez de méfaits, sans être encore accusé de celui-là !… Mais revenons à la patte coupée de Pritchard. Où pensez-vous que l’accident lui soit arrivé, Michel ?