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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Pritchard est un animal qui a de mauvais instincts, Monsieur ; et, s’il ne finit pas mal quelque jour, je serai bien étonné !

— Ainsi, Michel, Pritchard aime les œufs ?

— Quant à cela, il y a de la faute de monsieur.

— Comment, il y a de ma faute, si Pritchard aime les œufs ? il y a de ma faute, de ma faute à moi ?

— De la faute à monsieur, oui.

— Ah ! par exemple, Michel, voilà qui est fort ! Ce n’est pas assez que l’on dise que ma littérature pervertit mon siècle, voilà que vous vous joignez à mes détracteurs, et que vous dites que mon exemple pervertit Pritchard !

— Monsieur se rappelle-t-il qu’un jour qu’il mangeait, à la villa Médicis, un œuf à la coque, M. Rusconi a dit devant lui une telle bêtise, que monsieur en a laissé tomber son œuf ?

— Je n’avais donc pas de coquetier, Michel ?

— Non, Monsieur ; Alexis les avait tous cassés.

— Ainsi, j’ai laissé tomber mon œuf ?

— Oui, Monsieur, sur le parquet.

— Je me rappelle parfaitement, Michel.

— Monsieur se rappelle-t-il aussi avoir appelé Pritchard, qui saccageait une corbeille de fuchsias dans le jardin, et lui avoir fait lécher son œuf ?

— Je ne me rappelle pas s’il saccageait une corbeille de fuchsias, Michel ; mais je me rappelle, en effet, lui avoir fait lécher mon œuf.

— Eh bien, Monsieur, c’est ce qui l’a perdu, tout simplement.