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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Je connaissais les allures de Michel.

— Vous voulez me parler ? lui dis-je.

— Le fait est que je ne serais pas fâché de dire quelques mots à monsieur.

— En particulier ?

— Cela n’en vaudrait que mieux pour l’honneur de Pritchard.

— Ah ! ah !… Est-ce que le bandit aurait encore fait des siennes ?

— Monsieur sait ce que lui disait un jour son avocat, devant moi.

— Que me disait-il, Michel ? Mon avocat est un homme de beaucoup d’esprit et de sens ; il me dit tant de choses spirituelles et sensées lorsque nous causons ensemble, que, malgré ma bonne volonté de les retenir toutes, je finis toujours par en oublier quelques-unes.

— Eh bien, il vous disait : « Cherche à qui le crime profite, et tu trouveras le criminel. »

— Je me rappelle parfaitement cet axiome, Michel. Mais après ?

— Eh bien, Monsieur, à qui le crime des œufs volés peut-il profiter, si ce n’est à ce guerdin de Pritchard ?

Michel, à l’endroit de l’épithète appliquée à Pritchard, avait adopté l’orthographe de Vatrin.

— À Pritchard ! vous croyez que c’est Pritchard qui vole les œufs ? Allons donc ! Pritchard qui rapporte un œuf sans le casser !

— Monsieur veut dire : « Qui rapportait. »

— Comment cela, Michel ?