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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Et quel est le grand exemple qui ne vaille pas quinze francs ?

Les poules de Charpillon avaient cependant une excuse à faire valoir.

La nourriture incrassante qu’elles recevaient de la main de leur maître, en les faisant passer peu à peu à l’état de poulardes, nuisait à la régularité de leur pondaison.

Ce que le procès-verbal avait traité de gourmandise était tout simplement pour les pauvres bêtes une mesure d’hygiène inspirée par la nature, comme celle qui fait manger aux chiens certaine herbe laxative.

Un de nos amis, médecin, et excellent médecin, le docteur Drouin, ne dédaigna pas de donner au moderne Aristide cette explication, toute en faveur de l’espèce bramaïque et cochinchinoise.

En effet, la pondaison se ralentissait visiblement.

Charpillon cueillit du raisin dans les vignes et rétablit l’équilibre un instant dérangé.

La régularité de la pondaison non-seulement reprit son cours pendant les vendanges, mais encore, grâce à des feuilles de laitue et de chicorée substituées au raisin absent, se continua dans les mois où, d’ordinaire, cette pondaison languit ou même cesse tout à fait.

Charpillon, en m’invitant à la chasse, et sachant ma prédilection pour les œufs frais, n’avait pas craint de m’écrire :

« Venez, cher ami ! et vous mangerez des œufs comme jamais vous n’en avez mangé. »

J’étais, en conséquence, allé à Saint-Bris, non-seulement dans l’espoir de voir un ami que j’aime comme un frère, non-