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HISTOIRE DE MES BÊTES.

chinoises qu’elles soient, peuvent raisonnablement atteindre.

Mais cette popularité, qui ne leur permettait pas de garder l’incognito, avait parfois ses inconvénients.

Un jour, le garde champêtre vint, d’un air embarrassé, trouver Charpillon.

— Monsieur Charpillon, lui dit-il, j’ai surpris vos poules dans une vigne.

— Mes poules ! vous en êtes sur, Coquelet ?

— Parbleu ! avec cela qu’elles ne sont pas reconnaissables, vos poules, les plus belles poules du département de l’Yonne !

— Eh bien, qu’avez-vous fait ?

— Rien ; je suis venu vous prévenir.

— Vous avez eu tort.

— Comment cela ?

— Oui : il fallait dresser un procès-verbal.

— Dame, monsieur Charpillon, j’ai pensé que, comme vous êtes adjoint…

— Raison de plus : comme magistrat, je dois l’exemple.

— Oh ! pour une pauvre petite fois que ces malheureuses bêtes ont grapillé…

— Elles sont doublement dans leur tort. Elles ne manquent de rien ici : par conséquent, si elles vont dans les vignes, c’est qu’elles ont la protubérance de la maraude : il ne faut donc pas laisser à leurs mauvais instincts le temps de se développer. Un bon procès-verbal. Coquelet ! un bon procès-verbal !

— Cependant, monsieur Charpillon…

— Coquelet, comme adjoint, je vous en donne l’ordre.

— Mais, Monsieur, à qui porterai-je mon procès-verbal ?