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HISTOIRE DE MES BÊTES.

puis pas, puisque je suis à la chaîne. — Imbécile, lui a répondu Pritchard, attends. » C’est là qu’il l’a débarrassé de son collier. Alors, ils sont partis ensemble ; ils ont reconnu la passée d’un lièvre ; Pritchard s’est couché sur la passée et a envoyé Rocador à la chasse. Quand le lièvre est revenu sur ses brisées après son premier parti, Pritchard a sauté dessus et l’a étranglé. Alors, comme deux bons amis, ils ont dîné ensemble avec le premier lièvre.

Pritchard écoutait avec la plus grande attention ce que disait Michel ; son nom, qui revenait à tout moment, lui indiquait qu’on parlait de lui.

— N’est-ce pas, Pritchard, lui dit Michel, que cela s’est passé comme ça ?

Pritchard fit un petit cri qui pouvait, dans son langage, équivaloir à l’adverbe exactement.

— Oui, mais l’autre lièvre ? demanda un des assistants ; celui-ci… ?

Et il montra le lièvre qui gisait sur le parquet.

— Attendez donc, nous y voilà ! répondit Michel. Le premier lièvre mangé, Rocador a dit : « Ma foi, je n’ai plus faim, j’ai bien dîné. M’est avis que ce que nous avons de mieux à taire, c’est de revenir à la maison. » Mais Pritchard, qui est un roué fini, lui a dit : « À la maison ?… — Oui, à la maison, a répondu Rocador. — Et qu’est-ce qui nous attend à la maison, a répondu Pritchard. — Ah ! diable ! a fait Rocador. — Une volée de coups de fouet ; je connais Michel, a dit Pritchard. — Et, moi, je connais Pierre, a dit Rocador. — Eh bien, a continué cet intrigant de Pritchard, il faut les désarmer. — Comment cela ?