Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
297
HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Eh bien, il lui a rendu le service qu’on se rend entre amis : il lui a coupé son collier avec les dents. Allez voir le collier coupé comme avec un rasoir, quoi !

Nous allâmes voir le collier ; Michel n’avait rien exagéré.

Il ne fut plus question de Pritchard jusqu’à dix heures du soir ; à dix heures du soir, on entendit gratter à la grande porte.

Michel, qui avait l’oreille au guet, alla ouvrir.

Je compris, aux cris que poussait Michel, qu’il se passait quelque chose d’inattendu.

Un instant après, les exclamations ayant toujours été se rapprochant, la porte du salon s’ouvrit, et Pritchard entra majestueusement, tenant à sa gueule un magnifique lièvre parfaitement intact, sauf étranglement.

Rocador s’était arrêté à la hauteur de sa niche, et y était rentré.

Tous deux, comme deux bandits, étaient couverts de sang.

— Ceux qui ne connaissaient point Pritchard ne pouvaient concilier cette intégrité du lièvre avec cette maculation sanglante qui accusait les deux complices.

Seulement, nous avions échangé un coup d’œil, Michel et moi.

— Allons, Michel, dis-je, je vois que vous mourez d’envie de raconter comment la chose s’est faite. Racontez, Michel, racontez.

Michel prit la balle au bond.

— Voyez-vous, Pritchard, dit-il, c’est un malin. Il a été trouver Rocador et il lui a dit : « Veux-tu venir à la chasse avec moi, toi ? » Rocador lui a répondu : « Tu vois bien que je ne