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HISTOIRE DE MES BÊTES.

duire par ces mots : tout pays vignoble a de fausses ouvertures et n’en a pas une vraie.

On comprend que, dans ces récits du dessert qui égayent une table de chasseurs, Pritchard n’avait pas été oublié. J’avais de mon mieux raconté de vive voix ce que, chers lecteurs, je vous ai raconté avec la plume ; de sorte que Pritchard avait été invité en même temps que son maître, et était non moins impatiemment attendu que lui.

On ne craignait qu’une chose, c’est que l’amputation de Michel, pratiquée sur l’une de ses pattes de derrière, ne nuisît à la rapidité de ces évolutions dont j’avais essayé de donner une idée, et qui faisaient le caractère distinctif de l’originalité de Pritchard.

Je crus pouvoir d’avance répondre que non, et que Pritchard était de force à rendre une patte au meilleur coureur bourguignon, fût-ce même une patte de derrière.

Le 14 octobre, veille de l’ouverture des vignes, j’arrivai chez mon bon ami Charpillon, notaire à Saint-Bris, en prévenant par le télégraphe la cuisinière de ne rien laisser traîner.

Une heure après mon arrivée, il y avait déjà trois plaintes portées contre Pritchard qui, si elles eussent été portées contre des hommes, eussent conduit les coupables aux galères.

Il y avait vol simple, vol avec préméditation, vol avec effraction.

On vida un poulailler, on y fit entrer Pritchard, et l’on referma la porte sur lui.

Un quart d’heure après, je voyais flamboyer le plumet de Pritchard.