Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
HISTOIRE DE MES BÊTES.

» Pourquoi cela ? d’où vient cette proscription qui fouille les tombeaux ?

» Quand M. le duc d’Orléans vivait, tout ce qui formait, en France, la partie avancée de la nation avait mis son espoir en lui.

» Et c’était justice, car on le sait, M. le duc d’Orléans était en lutte continuelle avec le roi et ce fut une véritable disgrâce que celle qui suivit ce mot prononcé par lui en plein conseil :

» Sire, j’aime mieux être tué sur les bords du Rhin que dans « un ruisseau de la rue Saint-Denis ! »

» Le peuple, ce peuple toujours juste et intelligent, savait cela comme nous, et, comme nous, le comprenait. Allez aux Tuileries et voyez les seuls appartements respectés par le peuple, ce sont ceux de M. le duc d’Orléans ; pourquoi donc avoir été plus sévère que ne l’a été le peuple envers ce pauvre prince, qui a le bonheur de ne plus appartenir qu’à l’histoire ?

» L’avenir, c’est le bloc de marbre que les événements peuvent tailler çà leur guise ; le passé, c’est la statue de bronze jetée au moule de l’éternité.

» Vous ne pouvez pas faire que ce qui a été ne soit plus.

» Vous ne pouvez pas faire que M. le duc d’Orléans n’ait pas, à la tête des cotonnes françaises, enlevé le col de Mouzaïa.

» Vous ne pouvez pas faire qu’il n’ait pas, pendant dix ans, donné aux pauvres le tiers de sa liste civile.

» Vous ne pouvez pas faire qu’il n’ait demandé la grâce des condamnés à mort et qu’il n’ait pas obtenu, à force de prières, quelques-unes des grâces qu’il demandait.

» Si l’on serre aujourd’hui la main de Barbes, à qui doit-on cette joie ? Au duc d’Orléans !