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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Maintenant, restait à savoir à quel département j’irais demander mon élection.

Il était tout simple que je m’adressasse au mien, c’est-à-dire au département de l’Aisne.

Mais je l’avais quitté en 1823 ; rarement j’y étais retourné depuis, et une des fois que j’y étais retourné, c’était pour faire cette fameuse expédition de Soissons que vous connaissez pour peu que vous ayez lu mes Mémoires, et dans laquelle je manquai être fusillé.

Mais, quoique ce fût pour la même cause que je combattisse, soit en 1830, soit en 1848, je craignis d’être regardé comme trop républicain pour la République telle que la voulait la majorité des électeurs, et je renonçai au département de l’Aisne.

J’avais bien devant moi le département de Seine-et-Oise, que j’habitais depuis quatre ou cinq ans ; j’y avais même occupé le grade éminent de chef de bataillon de la garde nationale de Saint-Germain ; mais, comme, pendant les trois jours de la révolution de 1848, j’avais fait battre le rappel et proposé à mes sept cent trente subordonnés de me suivre à Paris pour prêter main-forte au peuple, les femmes, les enfants, les pères et les mères de mes sept cent trente gardes nationaux, ce qui pouvait faire un total de trois mille personnes, s’étaient récriés sur la légèreté avec laquelle je compromettais la vie de mes hommes, et à cette seule idée que je pouvais me présenter à l’élection dans leur ville, les Saint-Germinais avaient poussé une clameur d’indignation ; bien plus, ils s’étaient réunis en comité et avaient décidé que l’on m’inviterait à donner ma démission de commandant de la