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HISTOIRE DE MES BÊTES.

comprend bien, pleine d’émotion de part et d’autre. Je plaignais beaucoup le pauvre animal.

— Bah ! Monsieur, me dit Michel, ça fait qu’à la chasse, il ne pointera plus tant.

— Et l’autre nouvelle, Michel ? Car vous m’avez dit que vous en aviez deux à m’apprendre.

— L’autre nouvelle, Monsieur, c’est que Jugurtha ne s’appelle plus Jugurtha.

— Pourquoi cela ?

— Parce qu’il s’appelle Diogène.

— Et la raison ?

— Regardez, Monsieur.

Nous étions arrivés à l’allée de frênes qui conduisait à l’entrée de la villa ; à gauche de l’allée, le vautour se prélassait dans un immense tonneau, défoncé à l’un de ses bouts par Michel.

— Ah ! oui, je comprends, lui dis-je ; du moment qu’il a un tonneau…

— C’est ça, répondit Michel ; du moment qu’il a un tonneau, il ne peut plus s’appeler Jugurtha, il doit s’appeler Diogène.

Je restai en admiration devant la science chirurgicale et historique de Michel, comme, un an auparavant, j’étais resté en extase devant ses connaissances en histoire naturelle.