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HISTOIRE DE MES BÊTES.

fut acheté ; le Théâtre-Historique fut bâti, et il s’ouvrit, si je me le rappelle bien, un mois après mon retour d’Espagne et d’Afrique, par la Reine Margot, comme je l’avais dit à M. le duc de Montpensier.

L’ouverture du Théâtre-Historique, les répétitions, les représentations, les suites de la représentation enfin me tinrent à peu près deux mois à Paris.

La veille du jour où je devais retourner à Saint-Germain, je prévins Michel.

Michel m’attendait au bas de la montée de Marly.

— Monsieur, me dit-il, dès que je fus à portée de sa voix, il est arrivé deux grands événements à la maison.

— Lesquels. Michel ?

— D’abord, Pritchard s’est pris la patte de derrière dans un pierge, et l’enragé, plutôt que d’y rester comme un autre chien aurait fait, s’est rongé la patte avec ses dents, Monsieur, et il est revenu à la maison sur trois quilles.

— Mais le pauvre animal est mort à la suite de ça ?

— Ah bien, oui, mort, Monsieur ! Est-ce que je n’étais pas là, moi ?

— Que lui avez-vous fait, Michel ?

— Je lui ai proprement coupé la patte à l’articulation, avec une serpette ; je lui ai recousu la peau par-dessus, et il n’y paraît pas. Tenez, le guerdin, le voilà qui vous a flairé et il arrive.

En effet, Pritchard arrivait sur trois pattes, et à tel galop, que, comme le disait Michel, il ne paraissait point qu’il eût perdu la quatrième.

La reconnaissance entre Pritchard et moi fut, comme on le