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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Je montai à la loge du duc de Monfpensier avec une certaine émotion ; chacun de ces quatre jeunes princes a en lui quelque chose de son aîné, et, à cette époque comme aujourd’hui, ce n’était pas sans un vif sentiment de douleur que je me trouvais ou me trouverais en contact avec l’un ou l’autre d’entre eux.

Le duc de Montpensier m’avait fait demander pour me renouveler les compliments qu’il m’avait déjà fait faire par l’intermédiaire de Pasquier. Le jeune prince, je le savais d’avance, était grand enthousiaste de cette suite de romans historiques que je publiais à cette époque, et particulièrement de cette épopée chevaleresque ayant pour titre les Trois Mousquetaires.

— Seulement, me dit-il, je vous ferai le reproche d’avoir fait jouer votre œuvre sur un théâtre secondaire.

— Monseigneur, lui dis-je, quand on n’a pas un théâtre à soi, on fait jouer ses pièces où l’on peut.

— Et pourquoi n’avez-vous pas un théâtre à vous ? me demanda-t-il.

— Mais, Monseigneur, par la raison, infiniment simple, que le gouvernement ne voudrait pas me donner un privilège.

— Vous croyez ça ?

— J’en suis sur.

— Bon ! Et si je m’en mêlais ?

— Ah ! Monseigneur, cela pourrait bien changer la face des choses ; mais Monseigneur ne prendra pas tant de peine.

— Pourquoi cela ?

— Parce que je n’ai aucun titre pour mériter les bonnes grâces de Monseigneur.