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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— À cent pas seulement. Monsieur.

— À quelle heure ?

— Au moment où monsieur entendra le premier coup de gueule de Portugo.

— Eh bien, c’est dit, Michel ; si vous voyez de la lumière dans ma chambre au moment où Portugo aboiera, je suis à vous.

J’avais à peu près oublié cette promesse faite à Michel et je travaillais selon mon habitude, lorsque, par un magnifique clair de lune, vers onze heures du soir, Michel entra dans ma chambre.

— Eh bien, lui dis-je, Portugo n’a pas aboyé, ce me semble ?

— Non, me dit-il ; mais j’ai pensé que, si monsieur attendait ce moment-là, il perdrait le plus curieux.

— Que perdrais-je donc, Michel ?

— Monsieur perdrait le conseil de guerre.

— Quel conseil de guerre ?

— Celui qui se tient entre Pritchard et Portugo.

— Vous avez raison, ce doit être curieux.

— Si monsieur veut descendre, il verra.

Je suivis Michel, et en effet, au milieu du bivac des quatorze chiens, couchés chacun à son caprice, Portugo et Pritchard, assis gravement sur leur derrière, semblaient débattre une question de la plus haute importance.

Cette question débattue, Pritchard et Portugo se séparèrent. Portugo sortit par la porte, suivit le chemin du haut Marly qui contournait la propriété, et disparut.

Quant à Pritchard, en chien qui a du temps devant lui, il se mit à suivre au pas le petit sentier qui, longeant l’île, montait au-dessus de la carrière.