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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Monsieur veut-il la faire lui-même, ou veut-il qu’Augustine la fasse ?

— Qu’Augustine la fasse, Michel ; j’ai à travailler ce matin.

Ce fut Michel qui me servit à déjeuner au lieu de Paul ; il voulait jouir de ma satisfaction.

La fameuse gibelotte fut apportée à son tour. J’en suçai jusqu’au dernier os.

— Alors, monsieur l’a trouvée bonne ? me demanda Michel.

— Excellente !

— Eh bien, monsieur peut en avoir une comme ça tous les matins, si ça lui fait plaisir.

— Michel, tous les matins ? Il me semble que vous vous avancez beaucoup, mon ami.

— Je sais ce que je dis.

— Eh bien, Michel, nous verrons. Les gibelottes sont bonnes ; mais il y a certain conte intitulé le Pâté d’anguilles, dont la morale est qu’il ne faut abuser de rien, pas même des gibelottes. D’ailleurs, avant de faire une pareille consommation de lapins, je voudrais savoir d’où ils viennent.

— Monsieur le saura la nuit prochaine, s’il veut venir avec moi.

— Quand je vous disais, Michel, que vous étiez un braconnier !


— Oh ! Monsieur, c’est-à-dire que je suis innocent comme l’enfant qui vient de naître, et, comme je le dis à monsieur, s’il veut venir avec moi la nuit prochaine…

— Bien loin d’ici, Michel ?