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HISTOIRE DE MES BÊTES.

nou une patte solliciteuse, de manière à me prouver que les meilleurs rapports lui avaient été faits sur ma charité chrétienne.

Invité sans doute par Pritchard à passer la soirée avec lui, comme il y avait passé la journée, le chien restait, trouvait le soir qu’il était trop tard pour retourner chez lui, se couchait à un endroit ou à un autre sur le gazon, et passait là sa grasse nuit.

Le matin, au moment de s’en aller, le chien faisait trois ou quatre pas vers la porte, puis, se ravisant, disait à Pritchard :

— Est-ce que ce serait bien indiscret si je restais dans la maison ?

Pritchard répondait :

— Avec certains ménagements, tu pourras parfaitement faire croire que tu es le chien du voisin ; au bout de deux ou trois jours, on ne fera plus attention à toi, et tu seras de la maison, ni plus ni moins que ces fainéants de singes qui ne font rien de la journée, que ce gourmand de vautour qui ne fait que manger des tripes, et que ce piaulard d’ara qui crie toute la journée sans savoir ce qu’il dit.

Le chien restait, se dissimulait le premier jour, me faisait la révérence le second, sautait après moi le troisième, et il y avait un hôte de plus dans la maison.

Cela dura jusqu’à ce que Michel me dît un jour :

— Monsieur sait-il combien il y a de chiens ici ?

— Non, Michel, répondis-je.

— Monsieur, il y en a treize.

— C’est un mauvais compte, Michel, et il faut prendre garde