Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
HISTOIRE DE MES BÊTES.

main. Son addition réglée, je lui demandai si par hasard il ne connaîtrait pas un bon domestique qui voulût venir avec moi en Espagne et en Algérie.

— Oh ! Monsieur, me dit-il, comme ça tombe : j’ai une perle à vous offrir, — un nègre.

— Perle noire, alors ?

— Oui, Monsieur, mais une véritable perle.

— Diable ! Chevet, j’ai déjà un nègre de dix ans qui est paresseux à lui seul comme deux nègres de vingt ans, s’ils vont à vingt ans.

— C’est juste son âge, Monsieur.

— Il sera paresseux comme deux nègres de quarante ans, alors.

— Monsieur, ce n’est pas un vrai nègre.

— Comment ! il est teint ?

— Non, Monsieur : c’est un Arabe.

— Ah ! diable ! un Arabe, mais c’est précieux pour aller en Algérie ; à moins toutefois qu’il ne parle arabe comme Alexis parlait créole.

— Monsieur, je ne sais pas comment Alexis parlait créole, mais je sais qu’un officier de spahis est venu l’autre jour à la maison, et qu’ils ont haché de la paille, Paul et lui.

— Il s’appelle Paul ?

— Il s’appelle Paul pour nous autres, c’est son nom français ; mais, pour ses compatriotes, il a un autre nom, un nom arabe qui veut dire Eau de Benjoin.

— Vous en répondez, Chevet ?

— Comme de moi-même.