Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
HISTOIRE DE MES BÊTES.

avoir charge de veiller sur les colis et s’ingénier, autant qu’il lui serait possible, à ce que les quatre voyageurs ne mourussent pas de faim.

Je dis à trouver, parce qu’aucun des domestiques que j’avais à cette époque n’était l’homme du voyage. Alexis était trop jeune ; le cocher était trop spécial ; quant à Michel, je n’ai jamais cru un seul instant, pendant les douze ans qu’il passa chez moi, qu’il fût à mon service : Michel était purement et simplement à son service à lui ; seulement, comme Michel aimait beaucoup les animaux, Michel me faisait accroire que c’était moi qui les aimais, et, pour sa plus grande satisfaction personnelle, il multipliait les bipèdes, les quadrupèdes et les quadrumanes ; c’était ainsi que je me trouvais avoir, au dire de Michel, douze ou quinze poules de races inconnues ; cinq ou six coqs des espèces précieuses, deux chiens, dont l’un, comme on l’a vu, avait voulu me manger, trois singes et un chat qui avaient fait contre mes colibris, mes bengalis et mes cailles l’expédition que vous vous rappelez peut-être.

Michel devait donc rester avec, ses animaux, ou, si j’emmenais Michel, il me fallait emmener ses animaux avec lui.

Sur ces entrefaites, le hasard vint à mon aide. Remarquez que je n’ai pas la fatuité de dire la Providence : je laisse la chose aux têtes couronnées.

Chevet, à qui je devais une note de 113 francs, ayant entendu dire que je partais pour un voyage autour du monde, fut bien aise de rentrer dans le total de sa note avant que je quittasse Saint-Germain.

Il m’apparut donc un matin en personne, son addition à la