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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Ma foi, oui, vous venez de m’en donner l’idée ; maintenant, j’en meurs d’envie.

— Non, ce n’est pas comme cela que je l’entends : je veux que vous y alliez, mais avec une mission. Voyons, qu’alliez-vous demander quand je vous ai interrompu ? Voulez-vous que nous vous fassions officier de la Légion d’honneur ?

— Merci, je n’ai aucune ambition de ce côté-là. J’ai été fait chevalier par ce pauvre duc d’Orléans, que j’aimais de tout mon cœur ; s’il était là pour me faire officier, je me laisserais peut-être faire officier ; mais il n’y est pas, à mon grand regret, et j’aime autant rester ce qu’il m’a fait que de devenir autre chose.

— Mais enfin, que voulez-vous donc ?

— Je veux qu’un bâtiment de l’État soit mis à ma disposition et à celle de mes compagnons, afin de parcourir les côtes de l’Algérie, non pas selon le caprice de vos officiers, mais à ma fantaisie.

— Ah çà ! mais vous demandez qu’on fasse pour vous ce que l’on fait pour les princes.

— Tout simplement. Si vous ne faites pour moi que ce que l’on fait pour tout le monde, il est inutile de me déranger : je n’ai qu’à écrire un mot à la direction des Messageries, et j’aurai, abord de ses bâtiments, non-seulement mon passage pour l’Algérie, mais pour toute la Méditerranée.

— Eh bien, alors, soit ; vous aurez votre bâtiment. Mais, si vous croyez que ce sera une économie pour vous, vous vous trompez fort !

— Une économie ! Vous croyez que j’ai pensé, moi, à une économie quelconque ? Pour un ministre de l’instruction pu-