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HISTOIRE DE MES BÊTES.

avec une certaine curiosité, tout en se gardant bien, naturellement, de nous porter secours.

Il est vrai qu’il pouvait y avoir un doute dans leur esprit.

Ils comprenaient bien ce que faisait Maquet, pâle et assis sur le talus de la forêt ; ils comprenaient bien ce que faisait Alexandre, lui desserrant sa cravate et lui frottant les tempes avec un mouchoir trempé d’eau fraîche au ruisseau voisin ; ils comprenaient bien ce que je faisais en bassinant ma cuisse meurtrie avec de l’eau-de-vie. Mais ils ne comprenaient pas ce que faisait cette espèce d’Écossais aux jambes et aux cuisses nues, se promenant au bord du ravin, au fond duquel il plongeait des regards furibonds avec des rugissements et des gestes de menace.

Tout à coup, il poussa un cri de joie.

— Je suis sauvé ! dit-il.

Et, indiquant le ravin à son chien :

— Cherche, Médor ! dit-il ; cherche !

Médor descendit dans le ravin.

Cinq minutes après, il remontait avec le pantalon de son maître.

Seulement, il était arrivé un malheur : pendant le transport, la clef du sac de nuit avait glissé hors du gousset. Les poches du pantalon étaient parfaitement vides !

Vous comprenez ce qu’il y avait d’espérance de la retrouver dans un pareil fouillis.

Force fut donc à Alfred de rentrer en Écossais dans la sous-préfecture du département de l’Oise.