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HISTOIRE DE MES BÊTES.

rand au bailli de Ferrette, qui avait des jambes dans ton genre ?

— Non ; que lui disait-il ?

— Il lui disait : « Monsieur le bailli, vous êtes l’homme le plus brave de France. — Pourquoi cela, Monseigneur ? — Parce qu’il n’y a que vous assez hardi pour marcher sur de pareilles jambes !  » Eh bien, je te crois encore plus brave que le bailli de Ferrette.

— Oh ! la jolie plaisanterie !

— Je n’en prends pas la responsabilité, dit Alexandre ; elle n’est pas de moi.

— Ah ! tonnerre ! s’écria tout à coup Alfred avec un geste désespéré.

— Quoi donc ?

— Imbécile que je suis !

— Ne dis pas de ces choses-là, Alfred ; on te croirait.

— Imaginez-vous que la clef de mon sac de nuit est dans mon pantalon.

— Dans le pantalon qui est dans ton sac de nuit ?

— Eh ! non : dans celui dont j’ai fait hommage aux nymphes bocagères.

— Ne te plains pas : peste ! tu te montres à elles avec tous tes avantages : elles vont te prendre pour Narcisse, heureux coquin !

— Oui ; mais, les ronces et les épines.

— Dame ! qui ne risque rien n’a rien.

Pendant tout ce temps, les paysans et les paysannes qui passaient — c’était le jour du marché à Crépy — nous regardaient