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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Tiens, dis-je à Alexandre, nous cherchions Alfred, le voilà qui revient de Compiègne.

Je le hélai.

— Quelle nouvelle ? lui demandai-je.

— J’ai déchiré mon pantalon depuis le haut jusqu’en bas.

— Et le dessous ?

— Peuh ! fit Alfred.

— L’os a garanti les chairs, dit Alexandre. Ah ! voilà Maquet qui revient à lui.

En effet, Maquet rouvrait les yeux. Une gourde renfermait encore un peu d’eau-de-vie, on lui en fit boire quelques gouttes.

Il se redressa sur ses jambes en chancelant d’abord ; puis, enfin, peu à peu, il reprit son centre de gravité.

Nous eûmes alors le loisir de nous occuper de Dévorant, de la carriole et de la façon dont l’accident était arrivé.

Par un miracle du ciel, au moment où nous allions être précipités, la roue de la carriole avait rencontré une borne, avait monté dessus et nous avait vidés sur la route.

Le cheval était suspendu au-dessus du précipice, le poids seul de la voiture le maintenait.

Mais il nageait littéralement dans le vide.

Nous nous approchâmes du bord.

C’était à donner le vertige ! figurez-vous un ravin de cinquante à soixante pieds de profondeur, douillettement capitonné de rochers, de ronces et d’orties.

Si la roue de la carriole n’eût point rencontré la borne, le cheval, la carriole et nous, étions en morceaux !

Nous fîmes quelques essais pour tirer Dévorant en arrière.