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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Rien, répondis-je.

— Alors, la dynastie des Dumas étant saine et sauve, voyons ce que sont devenus les autres.

Et, en effet, nous jetâmes les yeux autour de nous.

Alfred avait disparu.

Maquet gisait à peu près évanoui.

Alexandre courut à lui et le releva.

— Qu’avez-vous, cher ami ?

— Je m’abonne à un bras cassé, si l’on veut me sauver la colonne vertébrale, dit Maquet.

— Diable ! fit Alexandre, ce n’est pas gai, savez-vous, ce que vous dites là ?

Maquet pâlit et s’évanouit tout à fait.

Alexandre le traîna sur le talus de gauche.

Pendant ce temps-là, je visitais le haut de ma cuisse.

Je m’étais un peu trop pressé en disant que je n’avais rien : j’étais tombé sur le canon de mon fusil, que j’avais aplati par mon choc et mon poids, doublé du choc et du poids d’Alexandre.

Il en résultait, non pas une rupture d’os, — par bonheur, la chaux et le ciment dont est pétri mon fémur l’avaient emporté sur le fer. — mais une effroyable meurtrissure.

Ma cuisse avait pris une teinte violacée qui rappelait assez bien pour les nuances la peinture dont on décore la porte des charcutiers.

En ce moment, j’aperçus Alfred qui se ralliait à nous ; mince comme une flèche, léger comme un roseau et n’ayant rencontré aucun obstacle, il avait été lancé à trente pas.

Médor le suivait à dix pas.