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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Sans transition aucune, il passa du trop au galop.

Alexandre se roidit sur les rênes ; mais l’allure de Dévorant n’en devint que plus précipitée.

Il n’y avait point à se tromper à ses intentions, surtout pour moi qui étais placé sur la première banquette.

Aussi ce dialogue commença-t-il à s’établir à demi-voix entre Alexandre et moi.

— Dis donc ?

— Hein ?

— Il me semble que Dévorant s’emporte.

— Parfaitement.

— Maintiens-le.

— Je ne puis pas.

— Comment, tu ne peux pas ?

— Non ; il a pris le mors aux dents.

— Allons donc !

Nous allions une vitesse de vingt-cinq lieues à l’heure.

— Qu’y a-t-il donc ? demandèrent ensemble Alfred et Maquet.

— Rien, répondis-je ; c’est Dévorant qui est en gaieté.

Et. en disant ces mots, par un mouvement à la fois rapide et violent, j’enroulais la rêne gauche autour de mon poignet et tirais à gauche.

Le mors échappa aux dents de Dévorant, qui en sentit la pression, céda, appuya à gauche et alla s’engager dans un des tas de cailloux que j’ai signalés.

En se voyant détourné de sa route, en sentant le terrain mobile dans lequel il s’était engagé s’écrouler sous ses pieds, Dévorant entra en fureur.