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HISTOIRE DE MES BÊTES.

que l’irriter ; aussi à peine se sentit-il sur une route roulante qu’il partit comme le vent.

— Oh ! va !… dit Alexandre en lui lâchant les rênes.

La route allait en montant.

Au bout de cent pas, Dévorant comprit qu’il faisait une bêtise et se calma.

Nous crûmes à de la lassitude.

C’était de l’hypocrisie.

Dévorant cherchait sa belle pour prendre une éclatante revanche à notre endroit.

Il ne tarda point à la trouver.

Nous continuions notre route, tout en causant de chasse, lorsque nous arrivâmes en face d’une descente assez rapide.

Arrivés là, nous avions à notre gauche la forêt s’échelonnant en amphithéâtre ; à notre droite, un ravin d’une cinquantaine de pieds de profondeur.

La police routière, qui est pleine de sollicitude pour les voyageurs, avait eu l’attention délicate de planter des bornes de dix pas en dix pas, en manière de parapet, le long du ravin ; seulement, dans les intervalles des bornes, rien n’empêchait voitures, chevaux ou piétons de se précipiter.

De l’autre côté du chemin, des cailloux étaient amassés de dix pas en dix pas, en cônes allongés.

Dévorant jeta un regard à gauche, un regard à droite, un regard devant lui.

Devant lui, il avait la descente ; à gauche, les tas de cailloux ; adroite, le ravin.

Le lieu lui parut propice et la circonstance favorable.