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HISTOIRE DE MES BÊTES.

congénères et même de ses maîtres, Médor se glissa modestement et sans bruit entre nos jambes.

Il était évident qu’il n’avait d’autre prétention que de ne pas être remarqué.

Il fut remarqué, mais pour entendre faire l’éloge de sa modestie.

Pritchard, au contraire, écrasé des brocards d’Alfred, traité de chien savant, menacé de faire la prochaine ouverture avec un paletot pareil à celui de Bilboquet-Odry dans les Saltimbanques, Pritchard ne parut pas même se soucier de partager les douceurs de notre véhicule et pointa sur la route de Compiègne, son plumet au vent, sans paraître s’inquiéter ni se souvenir le moins du monde des deux cents lieues, au bas mot, qu’il avait faites depuis la veille.

Je voulus prendre les rênes ; mais Alexandre me fit observer que, plus rapproché que moi de l’âge d’Hippolyte, c’était à lui à conduire.

Je fus médiocrement convaincu ; toutefois, avec mon insouciance ordinaire, je lui laissai prendre la droite.

D’ailleurs, étant le plus jeune de tous, il était le plus intéressé à ne pas se tuer.

La raison est mauvaise, mais spécieuse.

Je me contente si souvent des mauvaises, que je me contentai de celle-là, qui n’était mauvaise qu’à moitié.

Nous partîmes.

Le calcul que nous avions fait à l’endroit de Dévorant et des terres labourées et des chaumes était complètement faux.

Les obstacles, au lieu de dompter Dévorant, n’avaient fait