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HISTOIRE DE MES BÊTES.

première perdrix ; puis, arrivé à celle-ci, et se sentant la gueule assez bien fendue pour en porter deux, il a fait le tour de force que vous voyez ou plutôt que vous ne voyez pas… Regarde, Alexandre ! Regardez, Maquet !

— Que fait-il ?

— Il arrête une caille avec deux perdrix à la gueule !

— Comment fait-il pour sentir la caille ?

— Il ne la sent pas, il la voit ; prends mon fusil.

— Avec quoi vas-tu la tirer ?

— Je ne vais pas la tirer, je vais la prendre avec mon chapeau. J’allai à Pritchard, et, suivant la direction de ses yeux, j’aperçus la caille.

Une seconde après, elle était sous mon chapeau.

— Allons, allons, dit Alexandre, c’est peut-être plus amusant que la chasse, mais ce n’est pas de la chasse.

En ce moment, nous vîmes paraître Médor, qui suivait la piste de Pritchard, et Alfred, qui suivait la piste de Médor.

— Qu’as-tu donc ? demandai-je à Alfred.

— Ce que j’ai, ce que j’ai… Tu es charmant ! je tire deux perdrix, je les tue toutes les deux et je n’en puis pas retrouver une seule ! Cela commence gaiement !

— Eh bien, moi, lui dis-je, je suis plus heureux que toi, je n’ai pas encore tiré un seul coup de fusil, et j’ai déjà deux perdrix et une caille.

Et je lui montrai, d’une main, les deux perdrix mortes, et, de l’autre, la caille vivante.

Tout s’expliqua aux dépens de Pritchard, qui fut couvert de malédictions par Alfred.