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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Pendant ce temps-là, on examinait le gibier d’Alfred ; il y en avait un bon quart sur lequel on ne retrouvait aucune trace de blessure.

Ce quart, c’était la chasse de Médor.

Pas un chien, comme Médor, ne prenait ou ne faisait prendre à son maître un lapin au gîte ou une caille à l’arrêt.

Le lendemain, on recommençait, chacun, maîtres et chiens, avec une ardeur décroissante, — mais Alfred et Médor avec la même ardeur.

Ce jour-là. Médor au déclin de son âge, et Pritchard à l’aurore de sa vie, allaient lutter comme deux athlètes.

Si c’eût été à la course. Pritchard l’eût certes emporté.

À peine sorti de la ferme, Pritchard monta sur le revers d’un fossé, étudia la localité avec ses deux yeux moutarde, tout en fouettant l’air de son plumet ; puis, tout à coup, il s’élança dans la direction d’une pièce de trèfle.

Appels et sifflets furent inutiles ; aussi sourd que la Mort de Malherbe, Pritchard se bouchait les oreilles et nous laissait crier.

Au tiers de la pièce, il s’arrêta court.

— Tiens ! dit Alfred, qui l’avait regardé partir avec un profond mépris, on dirait qu’il arrête !

— Pourquoi n’arrêterait-il pas ? demandai-je.

— Dame !

Alexandre roulait une cigarette ; il voulut la mettre de côté pour arriver à temps.

— Oh ! lui dis-je, tu n’as pas besoin de te presser ; allume, allume !