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HISTOIRE DE MES BÊTES.

ment, Médor, qui, le matin, était à vingt pas en avant de lui, qui, à midi, marchait côte à côte avec lui, le soir suivait à vingt pas derrière lui.

À la nuit close, chasseur et chien rentraient à la ferme.

Alfred rapportait régulièrement ses trente-cinq perdrix, ses dix cailles, ses trois ou quatre lapins, ses deux ou trois lièvres, et souvent une paire de râles de genêt par-dessus le marché.

Il portait tout cela dans son carnier, sans affectation comme sans humilité.

Il y avait de quoi remplir trois carniers, le sien semblait à moitié vide.

Alfred devait admirablement savoir faire une malle.

Il tirait chaque animal l’un après l’autre, le regardait, lui lissait les plumes et le posait sur la table, commençant par les petites pièces, finissant par les grosses.

L’opération durait un quart d’heure.

On comptait.

On trouvait alors cinquante ou soixante pièces de gibier.

Après quoi, Alfred disait invariablement :

— Ah ! je crois que c’est le moment de faire un peu de toilette.

Et, avant d’avoir rien pris, Alfred montait dans sa chambre pour mettre des chaussettes rayées, des escarpins vernis, un pantalon et une veste de coutil, ajuster à son long cou une cravate d’un doigt de large et de couleur tendre, et passer — par mesure d’hygiène sans doute — dans ses rares cheveux, une brosse qui avait plus de crins que la tête à laquelle elle avait affaire n’avait de cheveux.