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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Mais Médor !… Jamais une erreur, jamais une faute, jamais un arrêt sur une alouette.

À cinq heures du matin, les jours d’ouverture, on entrait en chasse, d’aussi bonne heure que possible ; Alfred se mettait en ligne avec les autres chasseurs.

Mais c’était une concession faite à la morale publique.

Au premier bois, à la première garenne, au premier monticule, Alfred disparaissait.

On le voyait s’éloigner avec Médor, chassant à vingt pas devint lui.

À midi, pendant la halte que l’on faisait pour déjeuner, on voyait reparaître Alfred, marchant toujours du même pas, allongeant ses jambes avec la même régularité.

Un véritable compas d’arpenteur mesurant un mètre.

Médor était calmé, Médor marchait côte à côte avec lui.

On faisait signe à Alfred de venir déjeuner avec les autres ; mais lui montrait de loin un morceau de pain et une petite bouteille d’eau-de-vie, secouant la tête, en signe qu’il regardait notre déjeuner comme un sybaritisme indigne d’un véritable chasseur, et de nouveau il disparaissait.

Le soir, à cinq heures, chacun rentrait.

On se comptait ; tout le monde était présent à l’appel, excepté Alfred.

À sept heures, en sortant de table, on allait devant la porte de la ferme prendre l’air et écouter rappeler les perdrix.

Alors, celui qui était doué de la meilleure vue jetait un cri.

À l’horizon, dans la teinte rouge du couchant, on apercevait Alfred faisant toujours son mètre à chaque enjambée ; seule-