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HISTOIRE DE MES BÊTES.

sueur qui m’aveuglait, j’apercevais de loin, comme à travers un nuage, la troupe des chasseurs, les uns riant, les autres furieux : ceux-ci riant de l’exercice désespéré auquel je me livrais, ceux-là furieux du bruit que je faisais au milieu de la battue et qui effarouchait les autres lièvres.

Enfin, après des efforts inouïs, que ni la plume ni le pinceau

ne rendront jamais, j’attrapai le mien par une patte, puis par deux, puis par le milieu du corps ; les rôles avaient, changé, c’était moi qui me taisais, et lui qui jetait des cris désespérés ; je le pris contre ma poitrine comme Hercule avait pris Antée, et je regagnai mon trou, tout en ayant soin de recueillir, en passant, mon fusil gisant sur le chemin déjà parcouru par moi.

De retour à mon excavation, je pus examiner consciencieusement mon lièvre.

Cet examen m’expliqua tout.