— Je voulais voir si Mouton mangeait, je voulais voir si Mouton buvait ; Mouton a bu et mangé, je suis content.
— Bon ! dit Michel, est-ce que monsieur avait peur d’être enragé ?
— Eh, eh ! Michel…
— Oh ! c’est que, si monsieur avait peur, j’ai une recette souveraine pour la rage. Vous prenez d’abord du caca de poule, vous le mettez dans du lait que vous laissez aigrir ; vous y ajoutez un demi-verre d’urine de cheval…
— Pardon, Michel, votre remède est-il interne ou externe ?
— Je ne comprends pas.
— Je vous demande si ou s’en frotte ou si on l’avale.
— On l’avale, Monsieur ; mais je n’ai pas dit à monsieur la moitié des ingrédients dont il se compose.
— J’en sais assez, Michel ; du moment que je n’ai plus peur d’être enragé, je ne ferai pas de tort à votre remède.
— Cependant, Monsieur, pour plus de sûreté…
— Michel, reconduisez Mouton.
— Allons, viens, brigand ! dit Michel.
Et il emmena Mouton, qui s’en alla de son même pas nonchalant, habitude dont il n’était sorti qu’une fois pour me sauter à la gorge.
Un quart d’heure après, Michel revint.
— Vous y avez mis le temps, lui dis-je.
— Je crois bien, dit Michel, M. Challamel ne voulait pas le reprendre.
— Et pourquoi ne voulait-il pas le reprendre ?
— Il paraît que son maître s’en était défait parce qu’il mordait.