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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Ce n’était point le moment de me contrarier ; on alla chercher le chirurgien du régiment.

Au bout de dix minutes, il était près de moi.

— Nous allons d’abord cautériser cela, me dit-il.

— Non pas, répondis-je.

— Comment, non pas ?

— Parce que je n’ai pas peur de la rage, je n’ai peur que du tétanos.

— Vous êtes sûr que le chien n’est pas enragé ?

— J’en suis sur ; il s’est jeté sur moi à la suite d’une provocation ; je suis dans mon tort.

Mon tort avoué, il ne s’agissait plus que d’adopter un mode de traitement.

— Je suis encore fixé là-dessus, dis-je au docteur : vous me traiterez par l’eau glacée, méthode Baudens et Ambroise Paré.

— Pourquoi m’avez-vous envoyé chercher, alors, demanda le docteur, si vous savez aussi bien que moi ce qu’il faut vous faire ?

— Mais, cher docteur, je vous ai envoyé chercher pour réunir les chairs, et pour me remettre les os tant soit peu disloqués.

Le docteur me prit la main, me redressa l’index, le médium et l’annulaire, qui s’étaient cambrés, assujettit la dernière phalange de mon petit doigt avec une bande, me tamponna de charpie, rapprocha le pouce par une ligature, et me demanda où je comptais établir mon appareil hydraulique.

J’avais une charmante fontaine de faïence de Rouen à robinets de vermeil ; j’adaptai un fétu de paille au robinet, j’emplis ma fontaine de glace et je l’accrochai à la muraille.

Puis je me fis faire un lit de sangle au-dessous, établir un