Ce combat que j’étais en train d’écrire, c’était le combat d’un chien contre un More ; et, pour le chien, comme on a vu, c’était Mouton qui avait posé.
Au reste, voici textuellement ce que j’écrivais :
«… Mais à peine eurent-ils fait cinquante pas, qu’une forme blanche et immobile se dessina dans l’obscurité ; le grand maître, ignorant ce que ce pouvait être, marcha droit à l’espèce de fantôme : c’était une seconde sentinelle enveloppée d’un caban, qui abaissait sa lance, en disant en espagnol, mais avec l’accent guttural des Arabes :
« — On ne passe pas !
» — Et celui-là, demanda don Frédéric à Fernand, qui est-il ?
» — Je ne le connais pas, répondit Fernand.
» — Ce n’est donc pas toi qui l’as placé ?
» — Non ; car c’est un More.
» — Laissez-nous passer, dit don Frédéric en arabe.
» Le More secoua la tête et continua de présenter à la poitrine du grand maître la pointe large et acérée de sa hallebarde.
» — Que signifie cela ? s’écria don Frédéric. Suis-je donc prisonnier, moi le grand maître, moi le prince ? Holà ! mes gardes, à moi !
» De son côté, Fernand tira un sifflet d’or de sa poche et siffla… »
C’était pendant que j’écrivais ce dialogue que Mouton continuait avec un acharnement progressif de déterrer son dahlia, et que je disais : « Sois tranquille, quand j’aurai fini mon combat, tu auras affaire à moi. »