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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Chez M. Dumas, dit madame Mélingue.

— Où cela, M. Dumas ? demanda le cocher.

— Mais sur la route de Marly.

— Il y a deux routes de Marly : celle d’en bas, celle d’en haut.

— Diable !

— Laquelle ?

— Je ne sais pas.

— Mais, enfin, est-ce que la maison de M. Dumas n’a pas un nom ?

— Si fait, c’est le château de Monte-Cristo.

On se mit en quête du château de Monte-Cristo, et on le trouva.

Madame Mélingue me raconta l’anecdote.

Depuis ce temps, la maison de M. Dumas s’est appelée le château de Monte-Cristo.

Il est bon que, quand la postérité fera des recherches là-dessus, la postérité soit renseignée.

J’habitais donc Monte-Cristo.

À part les visites que je recevais, je l’habitais seul.

J’aime fort la solitude.

La solitude, pour les gens qui savent l’apprécier, c’est non pas une maîtresse, mais une amante.

Le premier besoin de l’homme qui travaille et qui travaille beaucoup, c’est la solitude.

La société est la distraction du corps ; l’amour, l’occupation du cœur ; la solitude, la religion de l’âme.

Cependant, je n’aime pas la solitude seule.

J’aime la solitude du paradis terrestre, c’est-à-dire la solitude peuplée d’animaux.