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HISTOIRE DE MES BÊTES.

cette chasse. Il y avait de quoi faire face à toute la gendarmerie du département, dans le cas où il lui prendrait l’idée de venir demander aux chasseurs leurs ports d’armes.

D’ailleurs, pour plus grande sûreté, au lieu de charger les fusils avec du sept ou du huit, comme on fait quand on chasse aux bécassines, on chargea, selon la fantaisie du chasseur, qui à balles, qui à lingots.

On partit pour la chasse.

Il y avait vingt barques, une véritable flottille.

Une des barques dévia, emportée par le courant sans doute, et alla déposer deux chasseurs de l’autre côté du Rhin, c’est-à-dire sur la terre étrangère.

Ces deux chasseurs, c’étaient le général Dermoncourt et son fidèle Rusconi.

Le général Dermoncourt rentra en France à la suite d’une ordonnance de non-lieu.

Ce fut plus long pour Rusconi, Italien, et, par conséquent, étranger ; mais, enfin, il rentra et se remit à mesurer la France.

La révolution de 1830 éclata ; Dermoncourt, remis en activité, prit Rusconi pour secrétaire.

Nommé en 1832 au commandement de la Loire-Inférieure, il emmena Rusconi à Nantes.

Le 10 novembre 1832, à neuf heures du matin, Rusconi se trouvait dans la mansarde d’une maison appartenant aux demoiselles du Guigny, causant tranquillement avec deux gendarmes qui se chauffaient les pieds à un feu de journaux qu’ils avaient fait dans la cheminée, lorsqu’une voix, qui venait on ne savait d’où, cria :