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HISTOIRE DE MES BÊTES.

femme : il avait sa chère petite personne à mettre en sûreté.

Il laissa un mot à chacun de ses associés et alla se cacher dans un bois qui bordait la route de Colmar.

C’était par cette route que les conspirateurs devaient fuir.

Carrel passa le premier ; il était six heures du matin, à peu près. Rusconi appela et se fit reconnaître.

Carrel avait été prévenu et se sauvait.

— Avez-vous besoin d’argent ? lui demanda Rusconi.

— En auriez-vous ? demanda Carrel étonné.

— J’ai cinq cents louis au général, répondit Rusconi.

— Donnez-m’en cinquante, dit Carrel.

— Rusconi lui donna les cinquante louis, et Carrel disparut au galop.

À peine le galop du cheval de Carrel s’était-il éteint, que le galop d’un autre cheval se fit entendre.

C’était Dermoncourt qui se sauvait à son tour.

Rusconi se fit reconnaître, lui et ses quatre cent cinquante louis.

Quatre cent cinquante louis sont toujours bons à rencontrer, surtout quand on est compromis dans une conspiration, que l’on quitte la France et que l’on ne sait pas quand on y rentrera.

Dermoncourt fit monter derrière lui le caissier et la caisse.

Puis, au lieu de se diriger vers le pont du vieux Brisach, qui, selon toute probabilité, était déjà gardé, on se dirigea vers la demeure d’un parent du général Dermoncourt.

Le lendemain de l’arrivée du général et de Rusconi chez ce parent, on ne parlait que d’une grande chasse aux oiseaux d’eau qui allait avoir lieu dans les îles. Cinquante chasseurs, parmi ceux qui avaient les opinions les plus avancées, étaient invités à