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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Comment Rusconi, après avoir pris le café avec Napoléon à l’île d’Elbe, après avoir conspiré avec Carrel à Colmar, après avoir pris la duchesse de Berry à Nantes, en était-il arrivé à montrer et à expliquer mes singes à la villa Médicis ?

C’est à la fois une odyssée et une iliade.

Rusconi, qui avait fait la campagne de 1812 avec la division italienne du général Fontanelli, s’était, lors des désastres de 1814, retiré à Milan.

Ce fut là qu’il apprit que son empereur, qui avait tant donné de trônes, venait d’en recevoir un.

Il est vrai que la Sainte-Alliance ne s’était pas ruinée en le lui donnant : ce trône, c’était celui de l’île d’Elbe.

Dès lors, Rusconi eut l’idée de consacrer ses services à son empereur.

Par l’entremise de Vantini, procureur impérial à l’île d’Elbe, il obtint la place de commissaire de police spécial à Porto-Ferrajo.

Un jour, une rixe eut lieu entre des soldats de la garde et des bourgeois de la ville ; le commissaire de la ville fit son rapport en italien.

Le rapport fut porté à Cambronne.

Cambronne ne savait pas un mot d’italien et espérait ne pas rester assez longtemps à l’île d’Elbe pour avoir besoin de l’apprendre.

Il envoya chercher Rusconi pour lui tradnire le rapport de son confrère.

Rusconi en était à la seconde ligne lorsque le général Drouot envoya chercher le rapport.